Casa Trotter

Bonjour à tous !

Nous voici de retour d'une brève incursion en Turquie. Nous sommes partis mi-juin, j'avais envie de verdure, de fleurs, de petits villages et de maisons de guingois comme je les aime. Donc direction le nord est du pays histoire de prendre un peu d'altitude.

Au niveau de la mer, on franchit ce bel ouvrage qu'est le pont des Dardanelles, puis on se met tout de suite dans l'ambiance, kebab, ayran et pâtisseries. Arrivée sur notre premier bivouac juste à l'heure pour le coucher de soleil.

Bon, les Kebab ça change des Tajines, mais les petits gâteaux secs c'est comme au Maroc.
Je vais suivre. Destination en prévision.

Après Kayseri, nous prenons de petites routes dans la campagne, le bivouac est juste au-dessus de ce village recroquevillé dans le rocher pour pouvoir utiliser au maximum les terres cultivables. Nous poursuivons notre cheminement à travers d'autres villages bien tranquilles.

Merci pour vos réactions !

Quand on prévoit un parcours, on rêve toujours de trouver le petit coin idéal, et parfois on le trouve. On était d'autant plus tranquilles que la piste s'arrêtait quelques kilomètres plus loin à cause d'un glissement de terrain !







On poursuit notre cheminement, l'Euphrate se révèle à nous, on passe Kemaliye et le départ du Dark Canyon, et on traverse sur un petit pont histoire de trouver un bivouac qui ne soit pas un vilain parking de bord de route ou une entrée de ferme à poissons.

Bonjour ,

Merci du partage, on voyage dans les paysage que vous nous montrez.
Bonne route

Philippe

Un dimanche au bord de l'Euphrate.

Les kilomètres pour arriver jusque là se sont accumulés, on fait une pause au bord de l'Euphrate, on a besoin de récupérer. C'est dimanche, les familles viennent pour le pique-nique et la pêche. Ambiance familiale, musique locale et grillades.













Le lendemain, nous poursuivons notre route : sur le gps je ne comprends pas comment nous allons passer sur l'autre rive car je ne vois pas de pont... et pour cause ! C'est un feribotu qui va nous faire traverser !
Pendant que sur le pont supérieur certains essaient de se faire arracher un doigt en nourrissant les goélands, sur le pont inférieur les gamins sont en embuscade avec leurs lance pierre, et ils visent drôlement bien
On passe une jolie forteresse sur son île qui devait à l'origine être le point le plus élevé du village noyé par le lac de barrage et on se pose en douceur de l'autre côté.

Merhaba !
Les premières photos sont très verdoyantes : la Turquie de juin est très différente de celle d'août ?
Mais ouf, je retrouve les paysages pelés que j'aime tant !
Merci pour cette évasion qui n'est pas finie, heureusement.

C’est beau, très vert comme cela

Bonjour à tous, bonjour Anne,

La Turquie de juin est sûrement très différente de celle d'août. Les blés ne sont pas encore moissonnés partout, les arbres fruitiers sont verts et il y a beaucoup d'herbe et de fleurs. Si ça se passe comme chez nous, d'ici un mois tout est sec et jaune !

Pülümür. C'est le petit nom poétique et très turc de la rivière que nous longeons dans une jolie gorge aux reliefs colorés. De minuscules guinguettes sont installées sur les berges pour les pique-niques en famille. Nous sommes arrêtés plusieurs fois pour des contrôles, police ou militaires, nous sommes en territoire kurde au cas où nous l'aurions oublié. Contacts très cordiaux, la routine.
Puis on quitte les axes principaux pour prendre une toute petite route qui serpente à travers pâturages et petits villages où nous frôlons parfois le mur des maisons. Le relief est doux, tout est vert, les vaches sont à leur aise dans l'herbe grasse et les fleurs. Nous trouvons un joli bivouac en contrebas d'une falaise dans un chemin abandonné au milieu des fleurs et des chants d'oiseaux.

Que du plaisir à voir cette verdure sur ces paysages, toujours de beaux bivouacs nature, histoire de nous donner envie d'y revenir !
Merci, Edmond

Bonjour et merci pour vos encouragements à poursuivre.

@Ed et Nad : oui j'ai cru comprendre, au fil de vos récits, que nous avions un peu les mêmes attentes pour ce qui est de la qualité du bivouac

On continue : réveil matinal dans une cacophonie de chants d'oiseaux ! Nous sommes à 1600 m et il fait un petit 12° au réveil. Nous quittons notre bivouac pour continuer la piste. Petits villages par-ci par-là, les vaches partent aux pâturages, on monte petit à petit, 2300m,une petite retenue d'eau et plus loin un village abandonné, on continue à monter et on aperçoit sur le flanc d'une colline un gros nuage de poussière causé par le déplacement d'un beau troupeau de moutons. Où vont-ils ? On passe un col à 2600 m et on comprend tout !





















Le campement est important, les troupeaux arrivent de partout et il règne une intense activité : tonte, traite, une femme va s'assurer que les agneaux nés dans la nuit et qui ne tiennent pas encore sur leurs pattes vont bien. Les bergers qui arrivent sont accueillis avec de grandes démonstrations d'affection par les enfants, peut-être étaient-ils partis plusieurs jours ?

Vous etes où en Turquie ?

A ce moment-là, on est dans les montagnes au sud d'Erzurum. C'était le 24 juin.

Nous continuons à monter. Passé 2900 m nous commençons à trouver un peu de neige. Un arrêt pique-nique avec vue sur d'autres campements installés dans une autre cuvette, puis nous passons un col à 3200 m et nous redescendons en direction d'un joli canyon rouge où nous trouverons un bivouac tranquille pour la nuit avec seulement la visite de chacals qui resteront à distance et le passage d'un petit chamois qui restera un long moment à nous observer.

L´immensité des montagnes turques...
Çok teşekkürler pour cette jolie balade haut perchée !

Merci Olivier

Nous quittons notre bivouac en direction de la petite ville de Narman où nous croisons les troupeaux qui partent aux champs. On achète du pain tout juste sorti du four, une vrai gourmandise ! Et on met le cap sur une magnifique ruine que j'ai repérée avant de partir. On en a sélectionné quelques unes, pas trop, il ne reste de toute façon pas grand chose mais les communautés religieuses avaient généralement très bon goût pour installer leurs monastères.
Celui-ci trône au milieu des champs, juste après le petit village de Pekek qui compte quelques belles maisons dans leur jus.
















Pour rejoindre notre prochaine étape, nous avons choisi de suivre le cours de la rivière. Nous pensions trouver une jolie vallée, ses villages et ses cultures à taille humaine. Mais la vallée a été noyée depuis la construction d'un barrage et les petites routes ont été remplacées par une 2 fois 2 voies et surtout un grand nombre de tunnels aux longueurs impressionnantes. La sensation de traverser la région en métro (nous cumulerons ce jour-là 40 km de tunnel)... Les reflets dans le lac de barrage ont beau être spectaculaires, on ne peut s'empêcher de penser à tout ce qui a disparu sous la surface... Nous retrouvons aussi les fermes à poissons omniprésentes dès qu'il y a ces lacs artificiels.













Notre prochaine étape : le village d'Ishan et son monastère.

Salut Annick,
Je me régale en découvrant ces paysages qui me font irrésistiblement penser à l'Asie centrale, sublimés par les couleurs du printemps...
Je comprends que les passages en tunnels soient frustrants!
A+ pour la suite!
Marie

Merci Marie, merci à tous !

Pour l'heure, nous nous glissons subrepticement sur une petite route de montagne qui démarre entre 2 tunnels vers Ishan, un village totalement isolé où j'ai repéré une église dont l'état de conservation m'intrigue... Nous commençons par traverser une sorte de lotissement aux maisons toutes identiques, sans âme et sans charme : c'est là que sont relogés les habitants des villages noyés par le lac de barrage. Puis la route s'élève dans des paysages plus agréables jusqu'à l'entrée du village. Ici tout est vert. La moindre parcelle de terre est cultivée, il y a de nombreux arbres fruitiers et il reste encore de belles maisons traditionnelles, le système d'irrigation est lui aussi traditionnel, des canaux et des écluses pour diriger l'eau vers les parcelles. Le toit de l'église aux tuiles vernissées apparaît dans la végétation. Et le bâtiment est effectivement dans un état exceptionnel. Malheureusement nous ne pouvons pas entrer à l'intérieur.

























Ilrègne dans le village une atmosphère calme et paisible mais ce qui nous intrigue le plus ce sont ces effluves qui planent partout dans l'air, quelque chose entre le miel et la confiture... Nous ne tarderons pas à avoir l'explication

Nous tombons sur un étalage bizarre au sol d'une sorte de gelée sur des bâches. Devant notre mine perplexe, une famille installée à l'ombre de la maison d'en face nous fait signe de les rejoindre. Des seaux remplis de mûres attendent de cuire dans d'énormes chaudrons jusqu'à évaporation quasi complète de l'eau. La gelée obtenue est ensuite étalée en fines couches au soleil jusqu'à devenir une sorte de "peau" souple et malléable. Nous retrouverons cette "peau" dans des confiseries où elle est roulée en forme de cigares farcis avec une crème de noix ou de noisettes, ou encore utilisée en mille feuilles. C'est sucré et un peu caoutchouteux. On nous fait goûter l'étape intermédiaire, une sorte de compote agrémentée de noix concassées et ça, c'est vraiment très très bon






















Nous prenons congé de cette famille sympathique et poursuivons notre tour du village où tout le monde s'affaire autour des chaudrons et où les bâches qui servent à la récolte ont été repliées.

Nous quittons le village pour notre prochaine étape et nous rencontrons pour la 1ère fois l'écriture géorgienne.

Belle découverte !
Si j'envisage une balade plus à l'est je ne manquerais pas de revenir vers toi ainsi qu' oc07 grand spécialiste.
Et le mois de juin à l'air d'une belle période pour les couleurs, merci de ces retours.
Edmond

@Ed et Nad : ce sera avec plaisir, même si nos connaissances sur le pays sont moins fournies que celles d'oc07.

Après encore quelques tunnels entrecoupés de 2 fois 2 voies, nous entrons dans une zone touristique fréquentée essentiellement par les Turcs. Le principal centre d'intérêt c'est la cascade ! Entrée payante, parking bétonné, foule des grands jours, avec tout ça on n'a toujours pas mangé, pourtant c'est pas l'ombre qui manque dans les tunnels pour s'arrêter pique-niquer On avise un restaurant immense sur le site et on se laisse tenter. On n'aurait pas dû... C'est immonde ! On n'arrive même pas à terminer l'escalope de poulet dont on se demande quel traitement elle a dû subir pour finir dans cet état. Bon, on fait la photo et on repart, ce genre d'endroit c'est vraiment pas notre tasse de thé



Prochaine étape, le monastère St Jean Baptiste, ou monastère d'Oshki, un monastère armeno-georgien dont les premières traces remontent au Xè siècle. Entre les pillages et les incendies, il n'est plus vraiment très frais mais il en impose quand même. Nous en faisons le tour avec un groupe de Georgiens venus en minibus qui semblent ravis de nous voir intéressés par le monument. Le village est très agréable et nous avons repéré une piste qui peut nous mener de l'autre côté de la montagne. A voir.

Mer de ce CR! Un régal!!!

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Ca y est. C’est décidé. Je repere les lieux sur la carte. Le printemps prochain, j’y suis ...

Merci à Dakure et mayake ainsi qu'à tous les autres

Nous empruntons donc la piste repérée pour rejoindre Yusufeli et le monastère suivant qui se trouve juste de l'autre côté de la montagne. J'en profiterai pour faire quelques courses à Yusufeli. La piste, très pittoresque, nous embarque jusqu'à 2300 m d'altitude. Les paysages variés se succèdent, du très minéral, de la forêt de sapins en passant par des alpages que l'on pourrait trouver chez nous. On se régale
Et puis on bascule de l'autre côté... et là on tombe en plein cauchemar Ecore un lac de barrage, encore des montagnes éventrées par les carrières, des paysages hérissés d'usines à béton, des vallées inondées et leurs habitants relogés, pour ne pas dire parqués, dans des lotissements impersonnels aux maisons clonées, alignées au cordeau sur des parois rocheuses inhospitalières. N'oublions pas ce magnifique maillage de lignes à haute tension dont les fils scintillent dans le soleil comme d'immenses toiles d'araignée. Nous voici de nouveau embarqués dans des kilomètres de tunnels. Nous tentons tout de même de rejoindre notre destination par une route défoncée, cheminement sordide en contrebas des chantiers du lac. Un dernier tunnel sans éclairage et sans revêtement sur la chaussée nous débarque dans le village sur une route très étroite et très encaissée qui grimpe le long de la rivière. Mais là aussi des travaux titanesques ont été entrepris pour l'aménagement de la rivière, bétonisation à gogo, aménagement en surplomb du village d'une nouvelle route qui saigne la montagne, c'est mal barré pour le bivouac. Il est déjà tard, pas le temps d'aller chercher ailleurs nous finissons sur le parking du chantier entre 2 engins de terrassement, au milieu des remblais. C'est pas vraiment glamour, mais c'est plat et de toute façon on dégagera très vite demain matin. Il n'y a plus assez de lumière pour la visite du monastère, devant le sentier qui y mène nous y avons retrouvé le minibus des Georgiens qui sont arrivés avant nous car ils n'ont pas pris la piste. On verra ça demain matin. Quant aux courses, ça attendra, il n'y a rien dans les parages

Après une nuit tranquille nous quittons le parking pour la visite de ce monastère, le monastère de Tekkale, le dernier de la liste, faut pas abuser non plus. Celui-ci est aussi armeno-georgien et date aussi du Xè siècle. Il a beau être vraiment très abîmé, il s'en dégage tout de même une atmosphère particulière. Il est dans un cadre de verdure magnifique et on imagine aisément l'endroit avant les travaux d'aménagement.



















Puis nous reprenons la route pour longer la vallée de la Çoruh. Ce cours d'eau était à l'origine une rivière aux eaux tumultueuses qui attiraient les kayakistes du monde entier. La vallée était considérée par le Fonds Sauvage Mondial pour la Nature et par Conservation International comme un point chaud de diversité biologique, l'une des 200 régions importante dans la conservation mondiale selon le WWF. Depuis 2007 les projets de barrages se sont multipliés, 27 en tout, noyant 18 villes et villages et contraignant 30 000 personnes à quitter leurs maisons. Aujourd'hui les eaux sont vraiment très calmes sur les lacs de barrage nantis de leurs inévitables fermes à poissons et les immeubles poussent comme des champignons dans les zones constructibles, body-buildings super protéinés.





Le summum c'est l'arrivée à Artvin, la "perle cachée du Kackar".











Nous trouvons enfin une une gorge intacte et un filet d'eau vive. Un arrêt à Savsat nous permet enfin de nous ravitailler chez les petits commerçants de la rue principale. La ville est agréable et à taille humaine. Un peu plus loin on trouve un coin de verdure où se poser pour le pique-nique.